MyDVD collection created using DVDpedia. Date de sortie en salle: 1960 Studio: Les Productions Georges de Beauregard Genre: Crime, Drama, Romance Scénariste: François Truffaut
Analyse politico-philosophique du film rĂ©alisĂ© par Tony Kaye en 1998, rĂ©vĂ©lateur de l'inconscient historique qui travaille l'AmĂ©rique. Plusieurs personnes manifestent dans une rue Pawel Janiak / Unsplash Par la rĂ©daction PubliĂ© le 29 janvier 2022 Ă  1815 Lecture 10 min Remarque liminaire Cet article divulgue une bonne partie de l’intrigue du film "American History X". Si vous ne l’avez pas vu au prĂ©alable, il vous est fortement recommandĂ© de le faire avant lecture. PrĂ©cisons Ă©galement que cet article n’a pas vocation Ă  opĂ©rer une vĂ©ritable critique cinĂ©matographique, qui se situerait au-delĂ  du domaine de compĂ©tence de ses auteurs, mais bien Ă  exposer l’intĂ©rĂȘt philosophique et politique que peut revĂȘtir ce film. Bon visionnage et bonne lecture ! "Le capitalisme portera la guerre civile chez les pauvres." Cette affirmation prophĂ©tique du philosophe marxiste Michel Clouscard pourrait ĂȘtre placĂ©e en propos liminaire de l’histoire de la famille Vinnyard, tant elle a rĂ©sonnĂ© pendant notre premier visionnage d’American History X. Ce film, rĂ©alisĂ© en 1998 par Tony Kaye, a Ă©tĂ©, au mĂȘme titre que Fight Club, celui d’une gĂ©nĂ©ration, celle nĂ©e entre la fin des annĂ©es 1980, qui a connu les premiĂšres sĂ©ries animĂ©es, les jeux-vidĂ©os, la gameboy et les embryons d’Internet. Elle a toutefois souvent du mal Ă  mettre les mots sur ce qui a tant marquĂ© lors du visionnage, ce qui a fait du film l’objet culturel culte et iconique qu’il est devenu. Il suffit de demander Ă  quelqu’un ce qui fait que le film l’a tant marquĂ© pour qu’il se mette Ă  regarder ses chaussures. ControversĂ©, souvent dĂ©criĂ© par une partie du public et de la critique pour une esthĂ©tisation supposĂ©e du nazisme et de la violence liĂ©e aux conflits inter-ethniques Ă  travers le personnage jouĂ© par Edward Norton, le film a tout du moins marquĂ© ses spectateurs par l’intensitĂ© de la violence physique et psychologique dĂ©ployĂ©e pendant plus de deux heures et par la profonde radicalitĂ© de son message politique. Cet article se donnera pour objectif de faire surgir ce que le film opĂšre comme retour du refoulĂ© car c’est bien de l’inconscient dont parle ce film, et l’inconscient des inconscients, l’inconscient historique de la lutte des classes et de l’oppression politico-Ă©conomique. 1 Bonne comprĂ©hension oblige, nous ne pouvons nous dispenser d’une prĂ©sentation aussi brĂšve que possible de l’intrigue. Le film raconte l’histoire de la famille Vinnyard, issue de la classe moyenne WASP de la banlieue de Los Angeles Ă  la fin des annĂ©es 80/90, dans un contexte de rivalitĂ© entre gangs et de tensions inter-ethniques. Le personnage jouĂ© par Edward Norton est l’aĂźnĂ© de la famille, qui fait partie d’un gang suprĂ©maciste blanc, les Disciples of Christ nous utiliserons l’abrĂ©viation DoC, qui commettent un certain nombre d’exactions agressions, vols en bande organisĂ©e et dĂ©noncent l’afflux massif d’immigrĂ©s, corrĂ©lĂ© avec les problĂšmes de chĂŽmage et de banditisme. Suite Ă  l’appropriation d’un terrain de basket par les DoC, trois noirs organisent le cambriolage de la maison des Vinnyard en vue de tirer vengeance. Ils sont surpris par Derek, qui en abat un Ă  l’arme Ă  feu et tue l’autre de maniĂšre extrĂȘmement brutale. Derek est envoyĂ© en prison, mais suscite toujours l’admiration profonde de son gang, d’une partie de la population ainsi que de son petit frĂšre Danny, qui souhaite suivre sa voie, ce qui lui vaut un blĂąme de la part d’un de ses professeurs. Ce dernier veut l’exclure lorsqu’il produit une apologie du nazisme en guise de devoir. Le proviseur de l’école, au contraire, est partisan de sauver Danny, de le faire dĂ©vier de cette voie par le biais de l’introspection il lui demande ainsi un nouveau devoir, intitulĂ© American History X, qui devra retracer l’histoire de la famille Vinnyard en parallĂšle de celle des États-Unis. La mĂ©taphore est dĂ©jĂ  claire il s’agit de procĂ©der Ă  une vĂ©ritable radiographie de l’inconscient amĂ©ricain, "l’inconscient de l’inconscient" dont parle Michel Clouscard. Le jour mĂȘme, Derek sort de prison, et semble avoir changĂ© du tout au tout, ne souhaitant plus avoir affaire Ă  ses anciens camarades de gang, et redoublant d’efforts pour dĂ©tourner son petit frĂšre de ces frĂ©quentations. Le film se construit sur le dĂ©ploiement d’un certain nombre de subjectivitĂ©s qui se trouvent au cƓur d’un dĂ©classement gĂ©nĂ©ralisĂ© de la classe moyenne amĂ©ricaine, par le biais d’un Ă©ventail de personnages liĂ©s Ă  la famille Vinnyard et aux tensions inter-ethniques qui embrasent la ville. Ces subjectivitĂ©s ne sont pas des Ăźlots indĂ©pendants, mais sont connectĂ©es entre elles et se rĂ©pondent en permanence pendant toute la durĂ©e du film car l’un des messages les plus forts Ă  retenir de ce long-mĂ©trage, c’est que Robinson n’existe pas. 2 1 Historiciser une radicalisation La structure narrative du film fonctionne de maniĂšre labyrinthique Ă  travers le rĂ©cit de Danny Vinnyard, elle retrace la genĂšse de l’engagement radical de Derek dans les DoC. La haine du personnage, loin des reprĂ©sentations habituelles du "mal radical" kantien, n’est en rien une construction ex -nihilo elle s’inscrit de fait pleinement dans un cheminement familial et personnel, qui n’est pas seulement le sien, mais celui d’une gĂ©nĂ©ration en crise de sens et en manque de perspectives d’avenir. Le devoir de Danny s’ouvre sur le regret d’un Eden perdu, celui d’une ville de Los Angeles oĂč il faisait bon vivre, avant que l’afflux massif d’immigrĂ©s ainsi que la guerre des gangs ne la dĂ©figurent profondĂ©ment. "Ça n'a pas toujours Ă©tĂ© ça, Venice Beach ; c’était un quartier gĂ©nial avant
 petit Ă  petit c’est devenu l’enfer
 c’est pour ça que Derek a rejoint les Disciples du Christ." Nous partons du particulier que reprĂ©sente la famille Vinnyard pour aller au gĂ©nĂ©ral le dĂ©classement des classes moyennes Ă©clate non seulement Ă  travers le dĂ©nuement matĂ©riel de la famille qui dĂ©mĂ©nage au cours du film de son pavillon pour se retrouver dans un logement Ă©troit et manifestement insalubre, mais aussi Ă  travers la recrudescence de la dĂ©linquance le pĂšre de Danny et Derek, pompier, dĂ©cĂšde lors d’une intervention causĂ©e par un incendie de nature criminelle. Cet Ă©vĂ©nement tragique est le point de dĂ©part de la radicalisation de l’aĂźnĂ©, qui s’émeut face camĂ©ra que l’État ne fasse rien pour les blancs et donne tout aux populations d’origine immigrĂ©e. Narratif qui ne saurait manquer de faire Ă©cho dans notre propre pays
 La guerre civile raciale s’introduit dans tous les pores de la sociĂ©tĂ©. Le pĂšre de Derek, que l’on voit en flashback dans une des derniĂšres scĂšnes du film, explique Ă  ses enfants que les guerres de gangs se rĂ©percutent jusque dans son travail, car la majoritĂ© de ses interventions concernent des incendies d’origine criminelle, souvent commis par des populations noires ou latino-amĂ©ricaines. Nous voyons Ă©galement lors de cette scĂšne le jeune Derek, dont les idĂ©es correspondent parfaitement Ă  l’air du temps social-dĂ©mocrate, loin du fanatique national-socialiste qu’il devient par la suite. Car c’est lĂ , Ă  nos yeux, le premier mĂ©rite du film. LĂ  oĂč les autres films traitant des questions liĂ©es Ă  la radicalitĂ© raciste et suprĂ©matiste comme le film Imperium, dans lequel Daniel Radcliffe joue le rĂŽle d’un agent de police infiltrĂ© dans un gang suprĂ©matiste, ou plus rĂ©cemment BlacKkKlansman de Spike Lee, sorti en 2019 se contentent, parfois dans un Ă©lan militant anti-trumpiste grossier et Ă  peine subtil, de prĂ©senter ce phĂ©nomĂšne comme la pure manifestation d’un mal rĂ©sidant au cƓur de l’AmĂ©rique WASP 3, ce film prend le parti de nous prĂ©senter le point de vue du radicalisĂ©, et de montrer comment une subjectivitĂ©, dans un moment historique bien dĂ©fini, en vient Ă  emprunter des chemins sinueux, destructeurs et mortifĂšres. Ce film a bien pour objectif de faire ressurgir ce que l’AmĂ©rique a refoulĂ©, et qui n’est point la manifestation d’un racisme originel, hors-sol et dĂ©nuĂ© de dĂ©terminations politiques, Ă©conomiques et historiques. Le racisme et le suprĂ©matisme racial ne sont alors pas compris comme les manifestations d’un mal radical, mais comme les rĂ©sultats d’une profonde frustration sociale, qui n’y trouve alors que sa seule rĂ©ponse dans le ressentiment et dans la haine. La haine raciale apparaĂźt alors comme l’un des "maux du siĂšcle" des sociĂ©tĂ©s occidentales, dans lesquelles la lutte des classes n’a jamais cessĂ© d’exister, en dĂ©pit de la "Fin de l’Histoire" 4 prophĂ©tique que les clercs de la dĂ©mocratie libĂ©rale avaient annoncĂ©e aprĂšs la chute du mur de Berlin. Comment ne pas voir, dans notre propre pays, ces milliers de jeunes Français blancs se tourner vers des options racialistes par haine de la sociale-dĂ©mocratie et de la sociĂ©tĂ© libĂ©rale en phase terminale ? Le succĂšs de ce que la presse mainstream s’est complue Ă  appeler "fachosphĂšre", dans le mouvement effarouchĂ© d’une gazelle en fuite, ne s’explique pas tant par une mĂ©chancetĂ© intrinsĂšque du berrichon oppressif, colonisateur et naturellement tournĂ© vers le Stahlhelm et la Kommandantur, mais plutĂŽt comme symptĂŽme d’une sociĂ©tĂ© profondĂ©ment malade de ses contradictions. Ce film nous montre bien, a fortiori, que l’homme ne s’est toujours pas arrachĂ© Ă  ce moteur brĂ»lant de l’histoire qu’est la lutte des classes. Ne trouvant de recours ni dans l’insertion professionnelle, ni dans des propositions politiques qui se partagent entre une sociale-dĂ©mocratie libĂ©rale molle les DĂ©mocrates et les nĂ©o-conservateurs impĂ©rialistes les RĂ©publicains, la jeunesse dĂ©classĂ©e se tourne vers des options politiques qui portent une esthĂ©tique de la transgression au pinacle de leur action "thĂ©orico"-pratique, sans se rendre compte que leurs nouveaux maĂźtres sont encore ceux qui agitent les ombres au fond de la caverne. Comment ne pas songer, Ă  la vue des posters du IIIĂšme Reich qui parsĂšment la chambre de Derek, ou aux svastikas et autres symboles paĂŻens arborĂ©s en tatouage sur son torse, Ă  ce que dĂ©veloppe Michel Clouscard au sujet de l’éthique de la transgression au cƓur de l’idĂ©ologie libĂ©rale-libertaire ? Une nouvelle fois, les contraires s’engendrent rĂ©ciproquement, et la transgression soixante-huitarde devient transgression fascistoĂŻde du moment que l’on prend soin d’éviter sagement la vĂ©ritable subversion, celle du mode de production capitaliste par le prolĂ©tariat organisĂ© ; sous les pavĂ©s, Le Pen. 2 La guerre civile entre les pauvres Le film nous en montre les effets dĂ©lĂ©tĂšres et dĂ©vastateurs. L’histoire atteint une acmĂ© dans la violence et dans la pulsion de mort de la radicalitĂ© dans la scĂšne oĂč les DoC s’attaquent Ă  une Ă©picerie tenue par des asiatiques, qui y emploient des immigrĂ©s latino-amĂ©ricains de fraĂźche date, prĂ©tendument justifiĂ©e par une prĂ©dation Ă©conomique qui serait opĂ©rĂ©e par les immigrĂ©s pour voler le travail des AmĂ©ricains blancs. Aucune concession n’est faite dans une scĂšne qui nous expose toute la cruditĂ© de la violence suprĂ©matiste la caissiĂšre du magasin est quasiment violĂ©e, "purifiĂ©e" de maniĂšre symbolique par l’usage du dĂ©tergent immaculĂ© dont ses agresseurs la recouvrent. Le tragique de l’histoire nous est offert de maniĂšre nue, et la guerre que se livrent entre eux les fractions artificielles du prolĂ©tariat, sous l'Ɠil bienveillant du Capital, Ă©clate dans son bouillonnement sanglant et morbide. Nous parlons une nouvelle fois sous le contrĂŽle de Michel Clouscard, qui, en 2004, pointait pourtant Ă  propos du lepĂ©nisme le caractĂšre historique du racisme et de la haine raciale, qui n’est autre, pour le jeune identitaire en perte de repĂšres, que le reflet de sa propre misĂšre sociale "La paupérisation menaçante, c'est une race l'Arabe. La richesse interdite, c'est une race le Juif. On » est désigné comme race. Les états de pauvre ou de riche sont ramenés à un principe originel, matriciel, général. Le racisme est à double face il prétend à une supériorité, mais surtout il est la désignation de l'altérité comme une erreur ontologique qui associe la contingence et la malfaisance. L'Autre est de trop. Il n'est qu'une excroissance cancéreuse de la Création. Il n'a rien et il n'est rien c'est normal, puisqu'il est pure contingence. Il n'est que la forme vide une race". Et de poursuivre, associant le faciĂšs de l’Arabe Ă  celui du pauvre dans la psychĂ© racialiste "Le pauvre, c'est l'immigrant, l'immigrant c'est l'Arabe. Ainsi se constitue une race, un homme vide de toute culture, de tout contenu qui n'est plus qu'une forme un faciès. Le lepéniste reconnaît la race par le faciès. L'Arabe, dira-t-il, a le faciès de sa race. C'est le signe extérieur qui ne peut être camouflé, le stigmate, la tache indélébile. Le faciès, c'est l'aveu de la race. Et ce pauvre, ce faciès, est un envahisseur, incroyable paradoxe." 5 Ce que voient Derek et Danny Ă  travers les "bandes de nĂ©gros" qui envahissent les plages et les immigrĂ©s qui veulent le travail de leurs "frĂšres de race", c’est l’image de leur propre dĂ©classement, refoulĂ© par la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine et portĂ© sur le terrain de la lutte pour la survie raciale, pour le biotope menacĂ© par les tribus Ă©trangĂšres. On voit comment la haine de l’autre remplit sa fonction, qui est de poser le voile indĂ©lĂ©bile de l’idĂ©ologie et de l’esthĂ©tique sur les perversitĂ©s de l’économie politique et de la prĂ©dation opĂ©rĂ©e sur la condition des classes moyennes. Le fascisme historique dĂ©ployait dĂ©jĂ  ce dĂ©passement de la politique par l’esthĂ©tique, Ă  travers les rĂ©fĂ©rences forcĂ©es et foisonnantes Ă  l’univers antique et mĂ©diĂ©val. Notre extrĂȘme-droite française actuelle, guĂšre composĂ©e que d’agrĂ©gats de nationalistes Ă  la petite semaine, a trĂšs bien compris la nĂ©cessitĂ© d’entretenir ce rapport esthĂ©tisant Ă  la politique, forte de sa comprĂ©hension mal digĂ©rĂ©e mais toutefois fort bien utilisĂ©e de la stratĂ©gie de conquĂȘte de l’hĂ©gĂ©monie culturelle thĂ©orisĂ©e par Gramsci. 6 → À lire aussi Contre Zemmour et les faussaires, se rĂ©approprier la France et son histoire 3 SubjectivitĂ©, intersubjectivitĂ© et retour du refoulĂ© "Ici, c’est toi le nĂšgre" PassĂ©s ces amers constats, le film ne se contente pas de ce portrait au vitriol d’une jeunesse amĂ©ricaine dĂ©sabusĂ©e, radicalisĂ©e, et consumĂ©e par la violence. Il s’agit, Ă  travers la voix de certains personnages, de proposer des pistes de sortie, qui passent nĂ©cessairement par l’obligation de se faire violence comprendre, se confronter Ă  l’autre et Ă  sa subjectivitĂ©. Cet effort a surtout lieu lors du sĂ©jour en prison de Derek il noue petit Ă  petit une relation de complicitĂ© avec un co-dĂ©tenu noir, emprisonnĂ© pour avoir volĂ© une tĂ©lĂ© dans une Ă©picerie et blessĂ© accidentellement un policier, et avec qui il travaille dans la buanderie de la prison. "Je connais ton genre de mec, le mĂ©chant petit branleur blanc qui se la joue
 je t’explique ici, tu longes les murs, car c’est toi le nĂšgre, pas moi
" Une nouvelle fois, le travail apparaĂźt comme le socle de sociabilitĂ© et de rĂ©conciliation privilĂ©giĂ© des classes moyennes dĂ©classĂ©es, au-delĂ  des barriĂšres ethniques et culturelles. Les puissants du haut s’unissent dans le crime par l’extorsion de la plus-value pour les uns, par le trafic de drogue pour les autres, et les travailleurs prennent conscience de leurs intĂ©rĂȘts communs dans le partage du labeur, dans les rires qui s’y Ă©changent, dans les destins communs qui s’y rassemblent. Dans le film, la violence vient lorsque la discussion n’est plus possible, et cette discussion est toujours le moment du salut. Dans le mĂȘme temps, Derek sera confrontĂ© au coeur mĂȘme des contradictions de la sociĂ©tĂ© libĂ©rale les nĂ©o-nazis y font allĂšgrement commerce avec les dĂ©tenus noirs et latino-amĂ©ricains Business is business, au grand dam du protagoniste, dont le zĂšle dans la recherche de puretĂ© raciale finit par lui attirer une violence monstrueuse de la part des membres de l’Aryan Brotherhood. C’est Ă  l’occasion d’une visite en prison, aprĂšs le viol de Derek par le chef des nĂ©o-nazis, que le proviseur rĂ©vĂšle avoir eu le mĂȘme parcours que les frĂšres Vinnyard haine morbide contre la sociĂ©tĂ©, nihilisme absolu, volontĂ© de destruction qui atteint son paroxysme dans la pulsion de mort sont autant de sentiments que la sociĂ©tĂ© a donnĂ© en partage Ă  un jeune blanc identitaire et Ă  un proviseur afro-amĂ©ricain. "– C’est le moment d’ouvrir les yeux
 – Tu me parles de tout ce qui me travaille depuis le lycĂ©e, mais comment fais-tu pour savoir ce que je ressens
 – Non, c’est moi que je connais. Il y a une Ă©poque oĂč j'en voulais Ă  la terre entiĂšre, oĂč j’avais la haine pour toutes les vexations, les humiliations menĂ©es Ă  mon peuple et les souffrances que j’endurais continuellement
 j’en voulais Ă  tout le monde." C’est cet Ă©pisode qui permet dĂ©finitivement Ă  Derek d’accĂ©der Ă  cette comprĂ©hension intersubjective les problĂšmes que rencontrent les jeunes banlieusards blancs, oppressĂ©s par le systĂšme Ă©conomique et par la dĂ©linquance, sont des problĂšmes universels. Une nouvelle fois, comme le soulignait Merleau-Ponty dans l’Éloge de la Philosophie Ă  propos de Socrate, on est dans l’erreur tant que l’on ne fait pas l’effort de se confronter Ă  l’altĂ©ritĂ© 7 le dialogue est ce qui permet d’éviter la guerre civile, d’apaiser les tensions sans exacerber stĂ©rilement les contradictions. On voit donc comment ce film procĂšde au dĂ©ploiement de subjectivitĂ©s particuliĂšres, qui se rĂ©pondent au fur et Ă  mesure de l’intrigue, au fur et Ă  mesure des gĂ©nĂ©rations qui se succĂšdent du pĂšre au fils, de l’aĂźnĂ© Ă  son cadet, du proviseur Ă  son Ă©lĂšve, et ce jeu de dialogues interposĂ©s permet la rĂ©solution du conflit. MalgrĂ© la note pessimiste qui conclut le film avec l’exposition d’un cycle perpĂ©tuel de violence engendrĂ© par la misĂšre sociale, le film nous montre que le dĂ©passement de cette violence n’est pas impossible si les individus prennent conscience de leurs dĂ©terminations Ă  travers un dialogue nĂ©cessaire et salvateur avec les autres. L’intĂ©rĂȘt du film de Tony Kaye rĂ©side selon nous dans cette capacitĂ© Ă  saisir la construction d’une psychĂ© fascisante, Ă  partir d’un dĂ©classement vĂ©cu au plus profond de sa chair par une classe moyenne en perte totale de repĂšres, aussi bien sur les plans Ă©conomique et politique que sur le plan du sens. Le racisme, la haine raciale, avec son Ă©ventail de signes esthĂ©tiques sĂ©ducteurs, de promesses vides de puretĂ© raciale et de retour Ă  un Eden perdu, est devenu pour une partie des derniĂšres gĂ©nĂ©rations le parfait dĂ©fouloir pour pallier aux offensives d’une sociĂ©tĂ© libĂ©rale dont on peine Ă  comprendre les mĂ©canismes et qui pousse les individus Ă  l’atomisation et Ă  l’amnĂ©sie celle de leur conscience de classe et des intĂ©rĂȘts communs, supplantĂ©s par le signifiant vide que constitue la race. La question que pose l’histoire des États-Unis rĂ©sonne avec force dans notre propre pays, en proie plus que jamais Ă  un climat de guerre civile et de division permanente, dans un moment oĂč l’esthĂ©tique a pris le pas sur le politique et la recherche du bien commun. En somme, la question que nous pose l’histoire de la famille Vinnyard et de ces habitants d’une banlieue californienne dĂ©classĂ©e, c’est la maniĂšre dont une nation se rĂ©alise. Et les brins d’herbe atomisĂ©s, suspendus en direction du ciel comme autant de particules microscopiques 8, ne seront pas suffisants pour la rĂ©aliser. François Goupil et Lionel Goncalves Notes 1 Michel Clouscard, Le Capitalisme de la sĂ©duction, Éditions Delga 2 RĂ©fĂ©rence au cĂ©lĂšbre personnage de Daniel Defoe, chĂ©ri par les pĂšres de l’économie politique et du libĂ©ralisme. Dans l’introduction aux Grundrisse, Marx bat en brĂšche la conception libĂ©rale d’un individu isolĂ© du monde, placĂ© hors de toutes dĂ©terminations politiques, historiques et sociales, qui servira notamment le mythe amĂ©ricain du self-made man Karl Marx trad. G. Fondu et J. QuĂ©tier, "Introduction aux Grundrisse", in Contribution Ă  la critique de l’économie politique, Éditions Sociales, 2014, p. 31 3 WASP White Anglo-Saxon Protestant. Sigle fourre-tout dĂ©signant de maniĂšre globale les populations blanches des États-Unis, issues des premiĂšres migrations venues d’Europe. 4 Francis Fukuyama, The End of History and the Last Man. Free Press, 1992 5 Michel Clouscard, Refondation progressiste, Ed. L’Harmattan, 2004, p. 111-112 6 À ce sujet, voir la vidĂ©o plus qu’instructive du triste sire Ugo Jimenez. Depuis Alain de Benoist et la Nouvelle Droite, les fascistes ont compris Ă  la perfection que la conquĂȘte du pouvoir ne se ferait plus par des combats de rue violents, mais par la conquĂȘte des esprits. Celle-ci n’a toutefois plus pour objectif d’unir les travailleurs contre leurs ennemis communs, mais bien la division et l’atomisation permanente du prolĂ©tariat condamnĂ© Ă  sombrer dans le nihilisme. 7 Notre rapport avec le vrai passe par les autres. Ou bien nous allons au vrai avec eux, ou ce n’est pas au vrai que nous allons. » Maurice Merleau-Ponty, Éloge de la philosophie 8 Lire le poĂšme de Walt Whitman, “Song of Myself”, dans le cĂ©lĂšbre recueil Leaves of Grass. Estivales de l'IHT Une bouffĂ©e d'air frais et une vraie dose de motivation pour poursuivre la lutte » Marx, Engels - L’idĂ©ologie allemande la naissance du matĂ©rialisme historique Qui sommes-nous ? L'Affranchi IHT est le mĂ©dia del'Institut Homme Total En savoir plus Soutiens-nous Finance ton mĂ©diaaffranchi de l'idĂ©ologie dominante Faire un don Forme-toi Pour transformer ta comprĂ©hensionde l'information Institut Rejoins-nous AdhĂšre Ă  l'Institut Homme TotalĂ  partir de 10€ par an AdhĂ©rer De la pop-music Ă  la pulsion de mort Comment la marchandisation de la musique nous pousse Ă  la dĂ©pression ? 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Ilest interdit de prendre un texte sans demander la permission. Si tu me demandes, en gĂ©nĂ©ral j'accepte que tu prennes un de mes textes, Ă  condition qu'il y ait un lien. Sachez que je m'aperçois trĂšs vite si vous prenez un de mes textes car j'ai un site anti-plagiat. Et quand je m'en aperçois, je signale et met un lien sur mon blog. Dans cet article, j’ai dĂ©cidĂ© de mettre l’accent sur les 100 meilleurs films que j’ai pu voir et qui ont fait le tour du monde entier. Aussi, je vais vous citer le top 100 meilleurs films pour moi et que je ne me lasse pas de regarder car ceux sont de purs chefs d’oeuvre. 100 meilleurs films de tous les temps, voici ma sĂ©lection Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, les Incorruptibles, un homme d’exception, Gladiator, sans oublier The Eternal Sushine of the Spotless mind. Pour les 100 meilleurs films de tous les temps, je peux aussi vous citer La soupe aux choux, La grande traversĂ©e de Paris, Les Tontons flingueurs, L’exorciste, ou encore Robin des bois, la Cage aux folles, Matrix le premier volet, le Seigneur des Anneaux, Harry Potter, Independance Day, la Folie des Grandeurs, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Shining, Misery, Fight Club, Pulp Fiction, Intouchables, la Ligne Verte, Seven, Into the Wild, American History X, Hunger Games, Kill Bill, Leon, Requiem for a dream, Titanic, Black Sawn, les Very Bad Trip, Retour vers le Futur, LĂ -haut, Usual Suspects, Le CinquiĂšme Element, le Parrain, Le Silence des Agneaux, Sin City, la CitĂ© de la Peur, Million Dollar Baby ou encore 300 et Je suis une LĂ©gende. 100 meilleurs films français Parmi les meilleurs films français on peut donc citer Le DĂźner de cons, Le Fabuleux destin d’AmĂ©lie Poulain, The Artist, Le PĂšre NoĂ«l est une ordure, les Valseuses, Lol ou encore Les Profs. A vous de faire votre choix parmi toutes ces rĂ©fĂ©rences juste exceptionnelles. DĂ©galer le gĂ©nie Intervenant : Aurore Beyneix de Ray Charles ? Rejoignez SĂ©ances : Lundi 7 novembre la chorale gospel de l’UPEM – Lundi 14 novembre – Lundi et rĂ©veillez le chanteur qui 21 novembre – Lundi 28 sommeille en vous ! novembre 2016 Tous niveaux acceptĂ©s. Horaires : 17h30 Ă  19h30 Atelier gratuit rĂ©servations : www.u En1996, il se fait co En 1998, il incarne le jeune frĂšre d'Edward Norton dans American History X avant d'accompagner Willem Dafoe et Steve Buscemi dans la prison d'Animal Factory. Filmographie SĂ©lective: Terminator 2 : le Jugement dernier (de James Cameron):1991 A Home of Our Own (de Tony Bill): 1993 Before and After (de Barbet Schroeder): 1996 *
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